L’histoire de Thérouanne (Pas-de-Calais) débute avec la ville gauloise, puis gallo-romaine de Tarvenna, chef-lieu de la cité des Morins, mentionné dans itinéraire d’Antonin. Cité épiscopale au Moyen Âge, Tarvenna devient « Thérouanne » (en flamand : Terenburg, en néerlandais : Terwaan), un bourg florissant du comté d’Artois, fief relevant du royaume de France jusqu’au traité de Madrid de 1526.
Au début de l’Époque moderne, Thérouanne est victime du long conflit opposant l’Empereur et roi d’Espagne, Charles Quint aux rois de France François Ier, puis Henri II : la ville est entièrement détruite en 1553 sur ordre de Charles Quint, au cours de la huitième guerre d’Italie.
L’actuel village de Thérouanne, la « nouvelle Thérouanne », a été construit en contrebas de la ville détruite. La population de la commune passe de 430 habitants en 1793 à 1 000 habitants à la fin du XIXe siècle et est aujourd’hui de 1 100 habitants (2020).
Quelques dates
638 : Le premier évêque de Thérouanne, Audomar devenu par la suite Saint-Omer a été envoyé par le roi Dagobert.
851,861,877 : Raids normands.
A partir de 1137 : Construction du choeur de la cathédrale gothique de Thérouanne.
1226 : L’ Artois est gouverné par les Rois de France.
1302/1346 : Les Flamands saccagent Thérouanne.
1384 : Par son mariage avec Marguerite de Flandre, Philippe II le Hardi hérite en plus du duché de Bourgogne, les comtés de Flandre.
1479 : l’ Empereur Maximilien d’ Autriche met le siège devant la ville sur le plateau d’ Enguinegatte. Louis XI revendique l’Artois, Journée des démanchés.
1493 : Le traité de Senlis abandonne à l’ Empire l’Artois. Seule Thérouanne reste le régale de la maison des Rois de France.
1513 : Bataille appelée «La Journée des éperons». Maximilien et Henri VIII, roi d’ Angleterre soumettent Thérouanne à la destruction. Les édifices religieux sont épargnés.
Puis Henri VIII restitue Thérouanne à François Ier.
1518 : Les remparts de Thérouanne sont relevés sous l’ impulsion de François Ier
1525 : François Ier cède ses droits sur l’ Artois à l’ exception de Thérouanne.
1537 : Thérouanne est assiégée par les troupes de Charles Quint qui succède à Maximilien (en 1519).
Puis Henri II succède à François Ier.
13 avril 1553 : la ville de Thérouanne est menacée par les troupes impériales.
20 juin 1553 : La ville est définitivement prise. Destruction complète de Thérouanne organisée par Charles Quint.
Charles Quint et la destruction de Thérouanne en 1553
Thérouanne est donc devenue une enclave française en Artois.
Les tensions avec la France s’apaisent un moment, puis reprennent entre François Ier et Charles Quint, petit-fils de Maximilien et Marie, devenu roi d’Espagne en 1516 et empereur en 1519. Dans le cadre des guerres d’Italie, la France subit une défaite à Pavie et François doit signer le traité de Madrid (1526), atténué en 1529 par le traité signé à Cambrai, la « paix des Dames ». Le roi de France renonce alors à sa suzeraineté sur la Flandre et l’Artois, qui vont devenir des terres d’Empire dans le cadre du cercle de Bourgogne.
Thérouanne reste cependant française et le roi de France la renforce militairement ; lorsque le conflit reprend à partir de 1535 (huitième, neuvième et dixième guerre d’Italie), de nombreux villages des environs sont ravagés par la garnison française de la ville.
En 1553, appelées par les États d’Artois, les troupes de Charles Quint sous la conduite de Ponthus de Lalaing mettent le siège devant la ville et s’en emparent. Le 20 avril 1553, Charles-Quint donne l’ordre de raser la ville jusqu’au sol (y compris la cathédrale, deux églises paroissiales et plusieurs couvents et abbayes) ; l’opération est réalisée d’une façon si parfaite que l’interprétation archéologique des fouilles récentes est complexe, en l’absence de toute élévation des maçonneries hormis la base massive de la tour nord de la cathédrale. Après l’arasage, du sel est répandu « pour que jamais plus rien ne pût pousser ». Dans ses mémoires, le fourrier de la maison Charles Quint, Hugues Cousin, revient en détail sur cet événement dont il a été témoin, ainsi que du siège de Hesdin.
Seuls quelques vestiges statuaires ont subsisté, parmi lesquels une partie de la façade de la cathédrale, le Grand Dieu de Thérouanne, du milieu du XIIIe siècle, transféré ultérieurement dans la cathédrale de Saint-Omer, et une descente de croix plus tardive retrouvée lors des fouilles et conservée au musée du village. La plupart des matériaux ont en effet été réemployés après le sac, dans des corps de ferme, etc. Récemment les statuts synodaux (législation diocésaine) ont été publiés.
Le diocèse de Thérouanne n’est pas supprimé immédiatement, mais le dernier évêque, Antoine II de Créquy, nommé en février 1552, ne peut pas être installé, et le 15 décembre 1553, est nommé évêque de Nantes. Lors de la réorganisation des diocèses des Pays-Bas en 1559-1561 par la bulle pontificale Super Universas, le territoire du diocèse est partagé entre deux diocèses néerlandais (comtés de Flandre et d’Artois, possessions de Philippe II, fils de Charles Quint) : Saint-Omer et Ypres et un diocèse français, Boulogne. Le siège épiscopal de Thérouanne est officiellement supprimé en 1567.